Nouveaux produits de synthèse – Synthèse des connaissances, www.ofdt.fr, 2018

Nouveaux produits de synthèse – Synthèse des connaissances

Copyright © Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, mai 2018

https://www.drogues.gouv.fr/publication/nouvelles-substances-psychoactives-un-guide-services-durgences

 

Présentation

L’abréviation NPS est généralement utilisée en France en référence aux Nouveaux Produits de synthèse.
Ils désignent un éventail très hétérogène de substances qui imitent les effets de différents produits illicites (ecstasy, amphétamines, cocaïne, cannabis, etc.). Leurs structures moléculaires s’en rapprochent, sans être tout à fait identiques. Cette spécificité leur permet, au moins à court terme, de contourner la législation sur les stupéfiants ; certains sont classés, d’autres n’ont pas de statut juridique clair.

Généralement achetés sur Internet, les NPS sont connus soit par leurs noms chimiques, soit à travers des noms commerciaux.

Il convient toutefois de préciser que dans le cadre du système rapide d’échange d’information (Early warning system), l’Union européenne intervient sur les Nouvelles substances psychoactives (New psychoactive substances en anglais soit NPS). Cette définition recouvre toutes les substances qui ne sont pas contrôlées au niveau international et dont un mésusage est nouvellement constaté.

Selon cette définition, qui n’est pas celle ici retenue, les NPS peuvent donc être des médicaments ou bien des plantes. Les principaux NPS présents dans l’Hexagone sont des cannabinoïdes de synthèse, proches du delta-9-tétrahydrocannabinol, (THC, le principe actif du cannabis), des phénéthylamines, se rapprochant soit de la MDMA soit du LSD, recouvrant ainsi une large variété de substances dont les cathinones, plus proches de la MDMA. Il existe plusieurs autres classes chimiques de NPS (aminoindanes, indolkylamines, etc.), mais dont la consommation est moins souvent observée.

Les présentations commerciales des NPS posent le problème de la connaissance du consommateur sur la véritable nature des contenus. Elles entretiennent un doute sur le caractère synthétique des produits (présentation sous forme d’herbe), ou utilisent des formes qui suggèrent que les compositions et les dosages sont préalablement contrôlés.

Or, il existe une grande variabilité des dosages entre les NPS, et par conséquent des effets ressentis et/ou indésirables [1].

 

Projet I-TREND : tous les résultats sont maintenant disponibles sur un site dédié

La finalité générale du projet I-TREND (2013-2015), dont les résultats sont disponibles en anglais, était d’assurer une veille et de mieux connaître la dynamique de diffusion des nouveaux produits de synthèse (NPS), afin de prévenir les dommages sanitaires et sociaux qui leur sont liés tout en informant sur les risques émergents liés à ces substances.

Coordonné par l’OFDT au plan européen, ce projet a impliqué quatre autres partenaires : TRIMBOS aux Pays-Bas, SWPS en Pologne, CUNI en République Tchèque et LJMU au Royaume-Uni. Le projet I-TREND a permis de développer de nouveaux outils d’observation Internet (suivi des forums d’usagers, surveillance des sites de vente en ligne, enquêtes en ligne) en complément des systèmes d’information traditionnels (données de saisies, demandes de traitement et observation ethnographique des espaces festifs).

Cinq activités distinctes mais interconnectées, appelées workstreams ou WS, ont donné lieu chacune à un rapport, complété par une synthèse. Par ailleurs, 29 dossiers techniques sur les NPS les plus “populaires” en 2014 et 2015 ont été produits. Tous les documents sont rédigés en anglais.

Consulter le site http://www.i-trend.eu

Lire la synthèse du projet I-Trend Project Overview, Internet tools for research in Europe on new drugs, 36 p.

Phénéthylamines et cathinones

Toutes les nouvelles substances imitant les effets des stimulants existants sont des molécules dont la structure est analogue à celle de l’amphétamine ou de la MDMA. Elles appartiennent principalement à la famille des phénéthylamines (amphétamine, 2C-B…). Parmi ces produits, un certain nombre tel que les 25-x-NBOMe ont des effets psychédéliques qui les rapprochent davantage du LSD que de la MDMA. Les cathinones (exemples : méphédrone, 4-MEC, MDPV…) [2] forment un sous-ensemble des phénéthylamines. La méphédrone (4-MMC) est la première à avoir été connue du grand public en 2009. Leurs structures chimiques imitent celle de la cathinone, une substance naturelle psychoactive contenue dans le khat, un arbuste africain. Elles ont souvent été vendues sous l’appellation de “sels de bain”.

En l’absence d’études expérimentales disponibles à ce jour, on peut supposer que ces substances agissent sur les mêmes récepteurs du système nerveux central que la MDMA et l’amphétamine, avec une spécificité et une puissance qui sont très peu décrites dans la littérature scientifique. Il en est de même pour leur dangerosité potentielle.

Cannabinoïdes synthétiques

Les cannabinoïdes synthétiques ne contiennent pas de cannabis, mais produisent des effets similaires lorsqu’ils sont fumés. Ce sont des agonistes des récepteurs au THC, c’est-à-dire qu’ils se lient aux mêmes récepteurs que ce dernier. Les cannabinoïdes synthétiques ont été développés au cours des 40 dernières années dans le domaine de la recherche médicale, essentiellement en vue du traitement de la douleur. On en dénombre actuellement 130 en Europe parmi lesquels 34 ont été répertoriés sur le sol français.

Fin 2008, plusieurs cannabinoïdes de synthèse ont été détectés dans des mélanges à base de plantes à fumer ou présentés comme encens. Les plus connus d’entre eux étaient vendus sous le nom de « Spice » («Gold », « Silver »). La présence de ces molécules n’était indiquée ni à l’achat ni à l’envoi (à l’inverse, les mélanges ne contenaient pas les plantes annoncées dans leurs compositions) [3]. Par la suite, beaucoup d’autres produits sont apparus sous de nouvelles appellations. Ils sont généralement vendus sur Internet et dans les « head shops » [4] de certains pays de l’Union européenne.

Ces agonistes des récepteurs au THC possèdent une affinité généralement supérieure à celle du THC lui-même, entrainant parfois des effets plus puissants. Elle peut être deux fois supérieure (pour le CP 47,497, le C6), 4 fois supérieure (pour le JWH-018) voire 200 fois supérieure (pour le HU-210).

La méthoxétamine, une substance qui se distingue

En 2011 et 2012, la méthoxétamine (MXE) émerge par l’intérêt croissant qu’elle suscite chez les internautes. Elle est aujourd’hui visible dans l’espace festif sur l’ensemble des sites TREND. Ses effets s’apparentent à ceux de la kétamine sous le nom de laquelle elle est fréquemment vendue. Les effets de la MXE étant plus puissants et plus durables que ceux de la kétamine, cette substitution est à l’origine de fréquentes complications (malaises, troubles psychiques ou psychiatriques…) [4, 5, 14]. Malgré son classement en France en août 2013 puis en Europe en septembre 2014, l’intérêt pour cette substance ainsi que sa disponibilité semble perdurer.

(…)

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