Les interactions CBD / médicaments, Swiss Medical Cannabis, 2020

Les interactions CBD / médicaments

Interactions CBD / Médicaments

Depuis l’augmentation de sa demande, le cannabidiol (CBD) attire significativement l’attention sur son potentiel à soulager les symptômes de l’insomnie, de l’anxiété, de la douleur chronique et d’une foule d’autres problèmes de santé.

Les recherches menées à ce jour démontrent progressivement que le CBD est d’une grande sécurité d’emploi même à forte dose et peu d’effets secondaires, somme toute mineurs. Toutefois, il existe une mise en garde : le CBD peut interagir avec certains médicaments. L’interrogation porte ainsi sur la façon dont le corps métabolise certaines substances.

Avant de s’essayer au CBD, il est ainsi essentiel de parler à votre médecin de tous les médicaments sur ordonnance et en vente libre que vous prenez. Le CBD est considéré inoffensif, mais il existe beaucoup d’interactions médicamenteuses à éviter, avec les médicaments sous ordonnance.

Voici un aperçu de l’importance de ce sujet.

LE CBD PEUT-IL INTERAGIR AVEC MES MÉDICAMENTS ?

La réponse est oui. La CBD inhibe l’enzyme cytochrome P450, qui est impliquée dans le métabolisme de nombreux médicaments.

C’est aussi le cas du du pamplemousse, qui inhibe le même groupe d’enzymes. C’est pourquoi les médecins conseillent aux patients de ne pas manger de pamplemousse peu avant ou après avoir pris un médicament [11]. En inhibant le cytochrome P450, le CBD peut soit réduire, soit augmenter les effets d’autres médicaments. Dans certaines situations, il peut être conseillé au médecin de surveiller les niveaux sanguins d’autres médicaments du patient pendant qu’il prend du CBD. Voir Interactions entre le CBD et les médicaments : Le rôle du cytochrome P450 pour plus d’informations.

Le CBD est donc normalement sans danger, mais il peut provoquer quelques effets indésirables, surtout s’il est pris en grande quantité.

POURQUOI LE CYP450 EST-IL IMPORTANT EN CE QUI CONCERNE LA CBD ET LES MÉDICAMENTS ?

La famille d’enzymes CYP450 est responsable du métabolisme de plusieurs cannabinoïdes, dont le CBD, comme le montre la recherche. Plus précisément, la CYP3A4, une enzyme importante au sein de la famille CYP450, remplit cette tâche. Mais au cours de ce processus, le CBD interfère également avec le CYP3A4.

L’enzyme CYP3A4 est chargée de métaboliser environ 60 % des médicaments prescrits en clinique. Mais si le CBD inhibe le CYP3A4, il ne peut pas agir aussi efficacement pour décomposer les médicaments dans votre système.[2]

L’inverse peut également se produire. De nombreux médicaments inhibent le CYP3A4. Si vous prenez ensuite du CBD pendant que vous prenez ces médicaments, votre organisme ne peut pas traiter le CBD aussi efficacement.

Si votre corps métabolise un médicament trop lentement, il se peut que vous ayez plus de médicaments dans votre système que prévu – même si vous avez respecté votre dosage. Une augmentation du niveau d’un médicament dans votre système pourrait en exagérer les effets, y compris les effets secondaires indésirables ou nocifs.

Certaines substances accélèrent également le travail de la famille des enzymes CYP450. Si votre corps métabolise un médicament trop rapidement parce qu’une autre substance induit les enzymes, il se peut que vous n’ayez pas assez de médicament dans votre système à un moment donné pour traiter un problème de santé.

LE TEST DU PAMPLEMOUSSE

Le test du pamplemousse

Le test du pamplemousse est une manière très simple de savoir si le CBD peut interagir avec vos médicaments. Selon le livre, Healing with CBD : How Cannabidiol Transform Your Health Without the High par Eileen Konieczny et Lauren Wilson : le CBD interagit avec d’autres médicaments présents dans le corps de la même manière que le pamplemousse. Si votre médecin vous recommande de ne pas manger de pamplemousse pendant votre traitement, il est donc probable d’éviter le CBD. [3]

“Le CBD interagit avec les médicaments de la même manière que le pamplemousse. Mais le CBD a des effets beaucoup plus puissants. Donc si la réponse est oui, vous saurez que l’interaction pourrait être un problème pour vous.” – Dr Jordan Tishler, M.D. et président de l’InhaleMD, médecins spécialistes du cannabis au Massachusetts [12]

Effectivement, un des composants du pamplemousse interfère avec l’enzyme cytochrome 450. C’est aussi le cas du CBD. Cette interférence gêne alors la métabolisation de certains médicaments.

Demandez simplement à votre médecin si vous pouvez manger du pamplemousse pendant votre traitement. Gardez à l’esprit que s’il vous le déconseille, il vaut mieux ne pas utiliser de CBD.

LE CANNABIDIOL SES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES ET SES UTILISATIONS

Vous l’aurez compris, le CBD peut développer des interactions médicamenteuses de façon modéré. Une récente recherche de Carola Rong, chercheuse à l’Université de Toronto, développait l’idée que la puissance de bon nombre de médicaments augmente. Cet effet pourrait dans le même temps empêcher certains types de médicaments d’exposer un effet bénéfique. De nombreux facteurs peuvent influencer ou déterminer les interactions entre les médicaments ou les substances actives :

  1. Médicaments modifiés par le foie (substrats du cytochrome P450 1A1 – CYP1A1-) :

Le cannabidiol pourrait diminuer la rapidité avec laquelle le foie décompose certains médicaments. Effectivement, l’utilisation du cannabidiol et de certains médicaments décomposés par le foie pourrait augmenter les effets et les effets secondaires de certains d’entre eux. Si c’est votre cas, parlez en à votre médecin avant toute utilisation de CBD. Une diminution de la posologie de votre traitement pourrait alors être nécessaire. [7]

Voici une liste non exhaustive de certains médicaments courants qui sont dégradés par le foie et qui pourraient avoir une interaction avec une prise de CBD en quantité importante [13]  :

  • Cardiopathie : la warfarine (Coumadin®).
  • Hypertension artérielle : le losartan (Cozaar®), le propranolol (Hemangiol®, Adrexan® …), le vérapamil (Isoptine®, Verapamil®), metoprolol (Lopressor®), amlodipine (Amlor®), nifedipine (Adalat®)
  • Tachycardie : le flecainide (Flecain®)
  • Diabète type 2 : le glipizide (Glucotrol®)
  • Alcoolodépendance : le disulfirame (Esperal®)
  • Corticoïde : la dexaméthasone (Celestene®)
  • Reflux gastrite: l’oméprazole (Mopral®, Zoltum®), le lansoprazole (Lanzor®, Ogast®), le pantoprazole (Eupantol®, Inipomp®).
  • Traitement hormonale : la progestérone (Menaelle®, Utrogestan®), la testostérone (Avodart®, Nebido®), la progesterone (Estima®, Progestan®)
  • Antidépresseur : l’amitriptyline (Elavil®), paroxetine (Dorexat®)
  • Anti-fongique : ketoconazole (Ketoderm®), itraconazole (Sporanox®)
  • Antiépileptique : l’acide valproïque (Depakine®), le phénobarbital (Gardenal®)
  • Anxiolytique : le diazépam (Valium®), alprazolam (Xanax®)
  • Antihistaminique : fexofenadine (Telfast®)
  • Antipsychotique: l’amitriptyline (Elavil® , Laroxyl® ..), l’halopéridol (Haldol® , Vesadol®), risperidone (Risperdal®), venlafaxine (Effexor®)
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens : diclofénac (Cataflam®, Voltaren®), l’ibuprofène (Advil®, Brufen®), le méloxicam (Mobic®) et le piroxicam (Feldene®); le célécoxib (Celebrex®)
  • Anesthésique : le méthoxyflurane (Penthrox®), l’halothane (Fluothane®)
  • Antalgique : le tramadol (Contramal®, Topalgic®, Zulmagic®)
  • Bronchodilatateur/BPCO : le théophylline (Dilatrane® , Xanthium® …).
  • Schizophrénie :  la clozapine (Leponex®, clozapine®)Antiémétique : l’ondansétron (Zofran®),
  • Relaxants musculaires : La chlorzoxazone (Lorzone® , Parafon® …)
  • Anesthésique : la kétamine (Ketamine®)
  • Sédatif : le chlorméthiazole (Heminevrin®),
  • Anti-rejet : cyclosporine (Neoral®, Sandimmun®)
  • Anti-cholestérol : lovastatin®
  • Antibiotique : clarithromycine (Zoclar®), erythromycin (Egery®)
  • Cancer côlon / collorectaux : l’oxaliplatine (Eloxatin® )
  • Cancer prostate : le flutamide (Eulexin®)
  • Cancer bronchique non à petites cellules : l’erlotinib (Tarceva®)
  • VIH : le nelfinavir (Viracept®)

 

  • Médicaments sédatifs 

Aussi, il est primordial de savoir que le cannabidiol peut accroître le potentiel de la somnolence et de la léthargie lorsqu’il est pris avec des médicaments sédatifs comme la morphine, le propofol (Diprivan®) ou encore le phénobarbital (Gardenal®). Il est donc primordial d’y être attentif. [1]

Les interactions avec des plantes naturelles et les compléments alimentaires 

Associé avec certains compléments alimentaires et herbes aux propriétés sédatives, le Cannabidiol peut développer une fatigue importante. En voici certaines d’entre elles : le sassafras,le cornouiller de Jamaïque, le kava, le L-tryptophane, la mélatonine, la sauge, le millepertuis… Voir Dietary Supplements and CBD Oil: All You Need to Knowfrom Vitamin A to Zinc [9]

SÉCURITÉ ET EFFETS SECONDAIRES 

Sous la surveillance attentive de votre médecin, vous pourrez peut-être continuer à utiliser le CBD en toute sécurité avec des médicaments, même ceux qui comportent une mise en garde contre les pamplemousses.

Si nécessaire, votre médecin peut surveiller les niveaux de sérum plasmatique du médicament que vous prenez. Il peut également choisir de surveiller le fonctionnement de votre foie.

Si vous prenez du CBD avec des médicaments, il est important de rester attentif à tout changement potentiel dans la façon dont le médicament ou le CBD vous affecte.

PEUT-ÊTRE VOUS POSEZ-VOUS DES QUESTIONS PLUS PRÉCISES SUR LE CBD ET SES USAGES ?

Au travers de nos articles, nous essayons de vous répondre :

SOURCES

[1] – Medical Cannabis Adverse Effects & Drug Interactions  – DOH

[2] –  CBD and Drug Interactions: What You Need to Know – Healthline

[3] – CBD May Possibly Interfere With Your Daily Medication – Huffpost

[4] – Livre « How Cannabidiol Transform Your Health Without the High » par Eileen Konieczny, RN, et Lauren Wilson

[5] – Interactions du CBD avec des médicaments sous ordonnance – Principes Actifs

[6] –Le CBD ses interactions et ses utilisations – Hexagone vert 

[7] –Drug-drug interactions as a result of co-administering Δ9-THC and CBD with other psychotropic agents. – Mood Disorders Psychopharmacology Unit (MDPU) , University Health Network, University of Toronto, Juin 2018

[9] — Dietary Supplements and CBD Oil: All You Need to Know from Vitamin A to Zinc – CBD Oil Review

[10] —Cannabidiol–antiepileptic drug comparisons and interactions in experimentally induced seizures in rats. –J Pharmacol Exp Ther. 1977 Apr;201(1)

[11] — Interactions CBD-Médicaments: Rôle du cytochrome P450 – Bulletin UFCM (l’Union francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine)

[12] — What you need to know about CBD products – Teresa Bergen, 4 mars 2020

[13] — Cannabidiol (CBD) Report – OMS (Organisation Mondiale de la Santé)