Tribune pour l’expérimentation des psychédéliques en médecine, contre la dépression, l’anxiété, les addictions et pour les soins palliatifs, Société Psychédélique Française, 2019

Tribune pour l’expérimentation des psychédéliques en médecine, contre la dépression, l’anxiété, les addictions et pour les soins palliatifs.

Société Psychédélique Française, novembre 2019

 

D’après l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur quatre dans le monde sera affectée à un moment donné de sa vie par des troubles mentaux ou neurologiques. Or, après des décennies d’oubli, nous assistons en dehors de nos frontières à un regain de la recherche clinique psychothérapeutique sur les psychédéliques et au développement de thérapies novatrices impliquant ces substances.

Les psychédéliques sont des composés, issus du monde vivant ou de la chimie, provoquant des effets analogues sur le psychisme et partageant un mode d’action semblable sur le cerveau humain (à savoir, un agonisme sur les récepteurs sérotoninergiques 2A). Relèvent notamment de cette catégorie le
LSD 25 Sandoz, la mescaline du cactus peyotl ou encore la psilocybine des champignons hallucinogènes.

Un domaine d’investigation interdisciplinaire, les études psychédéliques, combinent les sciences de la nature, les sciences de l’homme, la médecine et s’intéressent à ces molécules dans leurs rapports avec
les individus et les sociétés. Face au renouveau en cours, nous, chercheurs et chercheuses en études
psychédéliques ou médecins, considérons qu’une stigmatisation arbitraire, plutôt que l’examen scientifique des risques réels, a conduit à un cadre réglementaire entravant fâcheusement la recherche thérapeutique sur ces substances. Pour cette raison, nous demandons aux élus et élues de la République française de faciliter concrètement le lancement d’études cliniques sur les psychédéliques dans notre pays.

Nous souhaitons aussi voir aujourd’hui émerger un débat, éclairé par la raison, permettant la mise en place d’une politique sur les psychédéliques qui soit désormais fondée sur la science. Une telle approche conduirait vraisemblablement à des percées remarquables dans les domaines de la médecine, des sciences cognitives et des neurosciences.

Selon un nombre croissant d’études rigoureuses réalisées en Angleterre, aux Etats Unis, aux Pays-Bas, en République Tchèque, ou encore en Suisse, publiées dans des revues reconnues de psychologie, neuroscience et neuropsychopharmacologie, ces composés présentent des vertus thérapeutiques indiscutables, notamment pour des personnes souffrant de dépression, d’anxiété, ou encore pour rompre avec des addictions.

Dans le cadre du soin médical et en l’absence de contre-indications, les effets indésirables des psychédéliques sont rarissimes et ils ne provoquent pas non plus de pharmaco-dépendance. Le LSD et la psilocybine ont donc été classifiés comme des drogues dangereuses pour des raisons historiques contingentes qui contrastent avec les données scientifiques. Nous pensons qu’il est temps de réparer cette erreur et de reconsidérer leur potentiel thérapeutique.

Nous appelons de nos voeux une véritable impulsion politique permettant, d’une part, la reprise des recherches biomédicales sur les psychédéliques en France et, d’autre part, l’adéquation entre les connaissances scientifiques et la politique publique sur les substances psychoactives.

 

La Société psychédélique française et toutes les personnes signataires