Les Nouveaux Produits de Synthèse : Essayer la régulation des usages…, Pierre Chappard et Martine Lacoste,

Supplément Technique : Les Nouveaux Produits de Synthèse
Essayer la régulation des usages….

L’arrivée des produits que l’on appelle les « Research Chemicals » ou « legal high » n’est pas un hasard. Elle correspond à une évolution de la société addictogène qui se décline sur plusieurs éléments :

– Une nouvelle génération s’est emparée de l’outil Internet et passe énormément de temps « online », dans le monde de la « toile » où continue de s’exprimer une quête de plaisir. Cette nouvelle génération d’usagers partage ses expériences d’usage de NPS à travers des forums internet d’auto-support et acquiert une réelle expertise.
– De nouveaux commerçants ont émergé sur le marché de la vente de substances psychoactives en
ligne, rendant l’offre mouvante et internationale. L’émergence de ces nouvelles routes de la drogue s’est
également faite au profit du développement d’une nouvelle « mafia », qui a adapté ses stratégies à cette « Geek Generation ».

La loi de 1970 se trouve mise au pied du mur virtuel par ces phénomènes. Ces produits de synthèse sont nombreux, leurs effets et leurs risques complexes à évaluer ; leur profil commercial et leur mise en ligne les rendent facilement disponibles à grande échelle. Le paiement s’effectue en ligne, par carte bleue, par les trajectoires officielles de nos banques ; en tous ces aspects ils dépassent de beaucoup les codes d’application de la loi, qui devant eux semblent piétiner.

Ces NPS sont sujets de prises de risques, ils interrogent également la posture des intervenants en addictologie qu’ils invitent à élaborer de nouvelles stratégies de réduction des risques, incluant pleinement les usagers :
- En développant l’information sur les produits, que les personnes consomment et connaissent
souvent mieux que les intervenants,
- En associant dans notre réflexion les usagers de ces forums Internet avec une valorisation forte de
leur expertise
- En développant un nouvel « Aller Vers » online, qui suppose pour l’intervenant de RDR d’être
présent sur les forums où se valorisent ces expertises, sans s’accaparer ce nouvel outil d’auto-support, et en invitant les personnes accueillies par nos structures à s’y rendre elles-mêmes pour y valoriser leurs
connaissances, se nourrir des échanges qui les traversent, et faire de nouvelles rencontres.

Pour agir au plus juste d’une réduction des risques et des dommages adaptée, les nouveaux produits de
synthèse mettent les intervenants au défi de construire un nouvel espace/temps de rencontre, réel bien qu’online, aux côtés des usagers et au plus près de leurs missions.

Ils questionnent une nouvelle fois l’(in)adaptation du cadre légal et offrent une opportunité de tester de nouvelles solutions de régulation qui ne passeraient pas par la pénalisation de l’usage.

Pierre Chappard, président de l’association Psychoactif
Martine Lacoste, vice-présidente de la Fédération Addiction

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