Etudes cliniques et précliniques, un dossier de NORML France, 2018

Etudes cliniques et précliniques

Applications cliniques pour l’usage du cannabis et des cannabinoïdes en médecine

Maladies traitées schema
Cette page est une traduction de la septième édition (2016) du « Clinical Applications for Cannabis and Cannabinoids » un document original de NORML USA édité à destination des médecins américains par Paul Armentano. Une actualisation en a été faite en 2017, mise à jour en français par nos soins en 2018.

https://www.norml.fr/sante-prevention-rdr/portail-professionnels-de-sante/etudes-cliniques-et-precliniques/

Avant propos:

Les humains cultivent et consomment les sommités fleuries de la plante femelle, communément appelée marijuana ou cannabis, pratiquement depuis le début de l’histoire écrite. Des textiles à base de cannabis datant de 7 000 av. J.-C. ont été récupérés dans le nord de la Chine et l’utilisation de la plante en tant qu’agent médicinal et agent de modification de l’humeur remonte presque aussi loin. En 2008, des archéologues d’Asie centrale ont découvert près d’un kilo de cannabis dans la tombe, vieille de 2 700 ans, d’un ancien chaman. Après avoir mené des tests approfondis pour évaluer la puissance du matériau, des scientifiques ont affirmé: « La conclusion la plus probable est que les cultures anciennes ont cultivé du cannabis à des fins pharmaceutiques, psychoactives et divinatoires. »

Les cultures modernes continuent à se livrer à la consommation de cannabis à ces mêmes fins, en dépit des décennies d’interdiction virtuelle de la culture et de l’usage de cette plante. Aux États-Unis, les interdictions fédérales bannissant l’utilisation du cannabis à des fins récréatives, industrielles et thérapeutiques ont été imposées par le Congrès en 1937, puis elles ont été renforcées plus tard par la décision des législateurs fédéraux de classer la plante de cannabis et ses composés chimiques organiques (connus sous le nom de cannabinoïdes) en tant que substances inscrites à l’annexe I de la loi sur les substances contrôlées de 1970. Cette classification, qui classe la plante au même niveau que l’héroïne et définit le cannabis et ses douzaines de cannabinoïdes distincts comme “possédant un gros potentiel d’abus, … aucun usage médical actuellement accepté, … [et] un manque de normes de sécurité connues pour l’utilisation de cette substance … sous surveillance médicale.” En revanche, la cocaïne et les méthamphétamines – qui demeurent illicites à des fins récréatives mais peuvent être consommées sous la supervision d’un médecin – sont classées comme substances de l’annexe II. L’alcool et le tabac sont tous les deux absents de cette liste.

Lors de discussions sur l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes, les opposants répondent inévitablement que les patients ne devraient pas fumer leur médicament. Les patients n’y sont plus contraints. Les patients usant du cannabis médical et qui recherchent la rapidité d’action qui est associée avec l’inhalation, mais qui sont conscients des potentiels dommages et toxicité de la combustion, éliminent leur consommation de composés carcinogènes en préférant la vaporisation à l’acte de fumer. La vaporisation de cannabis élimine les toxines nocives pour le système respiratoire en chauffant le cannabis à une température qui engendre des vapeurs chargées en cannabinoïdes (typiquement entre 180-190 degrés Celsius), mais en dessous du point de combustion qui produit une fumée nocive et les toxines qui y sont associées (par ex. des hydrocarbones carcinogènes – autour de 230 degrés Celsius). Ceci élimine l’inhalation de toute particule et supprime les dangers de la combustion sur la santé. Dans les études cliniques, la vaporisation a démontré pouvoir délivrer, par aérosol et de façon saine et efficace, les cannabinoïdes pharmacologiquement actifs profondément dans les poumons, d’où l’intense lit vasculaire le délivre rapidement aux différents tissus du corps.

Le rapport qui suit récapitule les plus récentes études scientifiques publiées sur l’usage thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes dans plus d’une vingtaine de maladies, qui incluent la maladie d’Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophique, le diabète, l’hépatite C, la sclérose en plaques, l’arthrite rhumatoïde et le syndrome de Tourette. J’ai l’espoir que ce rapport apportera aux lecteurs une vision juste et équilibrée sur le cannabis — une vision étayée par des études scientifiques et non par des opinions anecdotiques ou de la paranoïa. Le cannabis n’est pas une substance miraculeuse ni la réponse à tous les maux. Toutefois, il semble qu’il peut apporter de remarquables bénéfices thérapeutiques, qui sont maintenant à disposition, si les barrières gouvernementales empêchant d’avantage de recherches scientifiques intensives sont levées.

La plante de cannabis ne justifie pas l’énorme émoi légal et sociétal qui s’est développé autour d’elle. Durant ces dernières 30 années, les États-Unis ont dépensé des milliards dans le but de stopper l’utilisation de drogues illicites, particulièrement le cannabis, avec un succès très limité. De nombreuses personnes très malades ont dû mener de longues batailles juridiques pour se défendre d’avoir utilisé un composé qui les aidait. Les esprits rationnels doivent maintenant prendre le relais en ce qui concerne la guerre aux drogues, en séparant les mythes et les faits, le juste et le faux, et l’usage médical responsable des autres comportements moins primordiaux.

L’usager de cannabis médical ne devrait être être perçu comme un criminel dans aucun État. La plupart des principales associations médicales, dont l’Institut de Médecine, s’accordent sur le fait que le cannabis est une substance avec un potentiel thérapeutique important dont les effets secondaires “…sont dans la fourchette des effets tolérés pour d’autres médications”. Il y a plus d’une décennie, le département de la répression des drogues –  Drug Enforcement Administration (DEA) étudia les propriétés médicinales du cannabis. Après un nombre de recherches important, le juge administratif et légal de la DEA Francis L. Young conclua ainsi: “Les preuves démontrent clairement que le cannabis peut soulager la détresse d’un nombre important de personnes très malades, sous contrôle médical et de manière sûre. … Il serait déraisonnable, arbitraire et fantasque pour la DEA de continuer à s’interposer entre les souffr