Renseignements destinés aux professionnels de la santé : Le cannabis (marijuana, marihuana) et les cannabinoïdes, Santé Canada, dernière version octobre 2018

Renseignements destinés aux professionnels de la santé : Le cannabis (marijuana, marihuana) et les cannabinoïdes

(Version PDF – 2,690 Ko)

https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/drogues-medicaments/cannabis/renseignements-medecins/renseignements-destines-professionnels-sante-cannabis-cannabinoides.html

Santé Canada

Auteur : Hanan Abramovici Ph.D.
Co-auteurs : Sophie-Anne Lamour, Ph.D. et George Mammen, Ph.D.

Nous republions cet excellent document de Santé Canada, et surtout, le résumé des indications reconnues, et envisagées, du cannabis thérapeutique.

 

Aperçu des énoncés récapitulatifs

Les énoncés récapitulatifs suivants visent à résumer le contenu des sections 4.0 (Usages thérapeutiques possibles) et 7.0 (Effets indésirables) et leurs sous-sections respectives. Les énoncés récapitulatifs peuvent être également trouvés dans leurs sections et sous-sections respectives dans le corps même du document. Remarque: la plupart des études cliniques sur le cannabis (expérimental ou thérapeutique) ont été réalisées avec du cannabis séché contenant plus de THC que de CBD et typiquement, mais pas toujours, avec du THC de plus faible teneur (< 9% de THC). De plus, la majorité des études cliniques sur le cannabis (expérimental ou thérapeutique) ont administré du cannabis séché en fumant. Enfin, les résultats d’études cliniques sur le cannabis à des fins thérapeutiques pourraient ne pas être applicables à d’autres chémotypes de cannabis ou d’autres produits du cannabis ayant des teneurs et ratios en THC et en CBD différents.

4.0 Usages thérapeutiques possibles

4.1 Soins palliatifs
 Jusqu’à maintenant, les données provenant d’études d’observation et d’études cliniques suggèrent que le cannabis (données limitées) et les cannabinoïdes sur ordonnance (p. ex., le dronabinol, le nabilone ou le nabiximols) pourraient être pratiques pour le soulagement d’une gamme de symptômes uniques ou cooccurrents souvent observés dans le cadre de soins palliatifs
 Ces symptômes comprennent, mais ne sont pas limités à, la nausée réfractaire et les vomissements associés à la chimiothérapie ou la radiothérapie, l’anorexie ou la cachexie, la douleur réfractaire aiguë, l’humeur dépressive et l’anxiété aiguë et l’insomnie.
 Un nombre limité d’études observationnelles suggèrent que l’usage de cannabinoïdes en soins palliatifs pourrait aussi être associé à une diminution du nombre de certains médicaments utilisés par cette population de patients.

4.2 Qualité de vie
 Les études cliniques disponibles rapportent des effets mixtes du cannabis et des cannabinoïdes sur ordonnance sur les mesures de la qualité de vie (QV) pour une variété de troubles divers.

4.3 Nausées et vomissements induits par la chimiothérapie
 Les études précliniques démontrent que certains cannabinoïdes (THC, CBD, THCV, CBDV) et acides de cannabinoïdes (THCA et CBDA) suppriment les nausées et les vomissements aigus ainsi que les nausées d’anticipation.
 Les études cliniques suggèrent que la consommation de certains cannabinoïdes et de cannabis (données limitées) peut soulager les nausées et les vomissements induits par la chimiothérapie (NVIC).

4.4 Syndrome cachectique (cachexie, p. ex. résultant de la blessure des tissus par l’infection ou d’une tumeur) et perte de l’appétit (anorexie) chez les patients souffrant du SIDA ou d’un cancer, et de l’anorexie mentale
 Les données disponibles provenant d’études cliniques chez l’humain suggèrent que le cannabis (données limitées) et le dronabinol pourraient augmenter l’appétit et la consommation de calories, et promouvoir le gain de poids chez les patients atteints du VIH/SIDA.
 Les preuves pour le dronabinol sont toutefois mixtes et les effets sont modestes chez les patients atteints de cancers et sont faibles chez les patients atteints d’anorexie mentale.

4.5 Sclérose en plaques, sclérose latérale amyotrophique, traumatisme médullaire et les maladies de la moelle épinière
 Les données provenant d’études précliniques suggèrent que le THC, le CBD et le nabiximols soulagent les symptômes de tremblements, d’hypertonie spastique et d’inflammation associés à la sclérose en plaques (SP).
 Les données disponibles d’essais cliniques suggèrent que le cannabis (données limitées) et certains cannabinoïdes (dronabinol, nabiximols, THC/CBD) sont associés à une certaine amélioration des symptômes de la SP et du traumatisme médullaire (TM), y compris la spasticité, les spasmes, la douleur, le sommeil et les symptômes associés au dysfonctionnement de la vessie.
 Des données très limitées provenant d’études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes délaient de manière modeste la progression de la maladie et prolongent la survie dans des modèles animaux de sclérose latérale amyotrophique (SLA), alors que les résultats d’un nombre très limité d’études cliniques sont mixtes.

4.6 Épilepsie
 Les preuves anecdotiques suggèrent un effet antiépileptique du cannabis (souches prédominantes en THC et CBD).
 Les données disponibles d’études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes (CBD) pourraient posséder des caractéristiques antiépileptiques et anti-convulsives, tandis que les agonistes du récepteur CB1 (THC) pourraient posséder des caractéristiques pro- ou antiépileptiques.
 Toutefois, les preuves cliniques pour un effet antiépileptique du cannabis sont plus faibles, mais émergentes et nécessitent des études plus approfondies.
 Des données provenant d’études cliniques avec l’EpidiolexMD (CBD oral) suggèrent l’efficacité et la tolérabilité d’EpidiolexMD pour les convulsions pharmacorésistantes dans le syndrome de Dravet ou pour le syndrome Lennox- Gastaut résistant au traitement.
 Des données provenant d’études observationnelles suggèrent une association entre le CBD (préparations à base de plantes et huile) et une réduction de la fréquence des crises épileptiques ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie chez les adolescents atteints d’épilepsie pharmacorésistante rare et grave.
 L’EpidiolexMD a été approuvé par la FDA (Juin 2018) chez les patients de 2 ans et plus pour traiter les crises épileptiques associées au syndrome de Dravet et au syndrome Lennox-Gastaut résistant au traitement.

4.7 Douleur
4.7.1 Douleur aiguë
 Les études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes peuvent bloquer les réactions à la douleur aiguë induite
de façon expérimentale dans des modèles animaux.
 Les résultats provenant d’études cliniques avec du cannabis fumé, du THC oral, des extraits de cannabis et le nabilone sur la douleur aiguë induite expérimentalement chez des bénévoles humains en santé sont limités et mixtes et suggèrent des effets selon la dose dans certains cas : des doses plus faibles de THC semblent avoir un effet analgésique et des doses plus élevées semblent avoir un effet hyperalgésique.
 Les études cliniques sur certains cannabinoïdes (nabilone, THC oral, lévonontradol, AZD1940, GW842166) pour la douleur postopératoire suggèrent un manque d’efficacité.
4.7.2 Douleur chronique
4.7.2.1 Douleur inflammatoire et neuropathique chronique induite expérimentalement
 Les endocannabinoïdes, le THC, le CBD, le nabilone et certains cannabinoïdes synthétiques ont tous été identifiés comme possédant des effets antinociceptifs dans des modèles animaux de douleur chronique (inflammatoire et neuropathique).
4.7.2.2 Douleur neuropathique et douleur chronique non cancéreuse chez l’humain
 Quelques études ayant utilisé des méthodes expérimentales possédant de la validité prédictive pour les
pharmacothérapies utilisées pour soulager la douleur chronique ont signalé des effets analgésiques du cannabis fumé.
 De plus, il existe des preuves plus cohérentes de l’efficacité des cannabinoïdes (cannabis fumé ou vaporisé, nabiximols, dronabinol) dans le traitement de la douleur chronique d’étiologies différentes, surtout dans des cas où des traitements traditionnels ont été essayés et ont échoué.
4.7.2.3 Douleur causée par un cancer
 Les données cliniques disponibles limitées pour certains cannabinoïdes (le dronabinol, le nabiximols) suggèrent un effet analgésique modeste pour le dronabinol et un effet analgésique modeste et mixte pour le nabiximols sur la douleur causée par le cancer.
4.7.2.4 Effet « d’épargne en opiacés » et la synergie cannabinoïdes-opioïdes
 Bien que les études précliniques et les études de cas suggèrent que certains cannabinoïdes pourraient posséder un effet « d’épargne en opiacés », les études épidémiologiques et cliniques menées avec du THC oral et du nabiximols ont obtenu des résultats mixtes.
 Des études observationnelles suggèrent une association entre les états américains avec des lois autorisant l’accès au cannabis (à des fins médicales et non médicales) et une baisse des taux d’opioïdes prescrits et de mortalité associée aux opioïdes.

4.7.2.5 Céphalées et migraines
 Les preuves soutenant l’utilisation du cannabis et des cannabinoïdes dans le soulagement des céphalées et des migraines sont très limitées et mixtes

4.8 Arthritides et troubles musculosquelettiques
 Les données provenant d’études précliniques suggèrent que la stimulation des récepteurs CB1 et CB2 soulage des symptômes de l’arthrose, et le THC et le CBD soulagent des symptômes de la polyarthrite rhumatoïde.
 Les données provenant d’études cliniques sont très limitées et seuls des effets modestes ont été observés dans l’utilisation du nabiximols dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
 Il n’existe aucune étude clinique concernant l’utilisation du cannabis dans le traitement de la fibromyalgie et les données cliniques limitées avec le dronabinol et le nabilone suggèrent un effet modeste sur la réduction de la douleur et de l’anxiété, et l’amélioration du sommeil.
 Le rôle des cannabinoïdes dans l’ostéoporose a seulement été étudié dans des études précliniques et est complexe et contradictoire.

4.9 Autres maladies et symptômes
4.9.1 Troubles du mouvement
4.9.1.1 Dystonie
 Les données limitées provenant d’études précliniques suggèrent qu’un agoniste synthétique des récepteurs CB1 et CB2 pourrait soulager des symptômes ressemblant à ceux de la dystonie, et que le CBD retardes la progression de la dystonie.
 Les données provenant d’un nombre limité d’études de cas et de petits essais cliniques ouverts ou contrôlés par placebo suggèrent une amélioration des symptômes de dystonie avec du cannabis inhalé, des effets mixtes du THC oral, une amélioration des symptômes de dystonie avec du CBD oral et une absence d’effets du nabilone sur les symptômes de dystonie.
4.9.1.2 Maladie de Huntington
 Les données provenant d’études précliniques signalent des résultats mixtes avec le THC sur les symptômes ressemblant à ceux de la Maladie de Huntington (MH).
 Les données limitées provenant d’études de cas et des essais cliniques à petite envergure sont mixtes et suggèrent une absence d’effets du CBD, du nabilone et du nabiximols et une amélioration limitée des symptômes de MH avec le cannabis fumé.
4.9.1.3 Maladie de Parkinson
 Les résultats d’un nombre limité d’études précliniques, de cas, cliniques et observationnelles sur certains cannabinoïdes pour le traitement des symptômes de la maladie de Parkinson (MP) sont mixtes.
 Une étude de cas sur le cannabis fumé ne suggère aucun effet alors qu’une étude observationnelle sur le cannabis fumé suggère une amélioration des symptômes.
 Une étude clinique à petite envergure portant sur le nabilone suggère une amélioration des symptômes, tandis qu’une autre étude clinique sur un extrait oral de cannabis (THC/CBD) et une étude clinique avec du CBD ne suggèrent aucune amélioration des symptômes.
4.9.1.4 Syndrome de Gilles de la Tourette
 Les données limitées provenant de petites études cliniques suggèrent que le THC administré par voie orale améliore certains symptômes du syndrome de Gilles de La Tourette (SGT) (tics).

4.9.2 Glaucome
 Les données limitées provenant de petites études cliniques suggèrent que l’administration orale de THC réduit la pression intraoculaire (PIO), tandis que l’administration orale de CBD pourrait, au contraire, provoquer une augmentation de la PIO.

4.9.3 Asthme
 Les données limitées provenant d’études précliniques et cliniques sur l’effet du THC en aérosol sur les symptômes asthmatiques sont mixtes.

 L’inhalation d’irritants pulmonaires générés par la fumée/vaporisation du cannabis peut aggraver les symptômes asthmatiques.

4.9.5 Stress et troubles psychiatriques

4.9.5.1 Anxiété et dépression
 Des données provenant d’études cliniques et précliniques suggèrent que le THC présente des effets biphasiques sur l’humeur : les faibles doses de THC possèdent des effets anxiolytiques et de hausse de l’humeur et les doses élevées de THC possèdent des effets anxiogènes et de baisse de l’humeur.
 Les données limitées d’un petit nombre d’études cliniques sur le cannabis contenant du THC et sur certains cannabinoïdes sur ordonnance suggèrent que ces substances pourraient améliorer les symptômes d’anxiété et de dépression chez les patients souffrant d’anxiété et/ou de dépression secondaires à d’autres maladies chroniques (p. ex., patients souffrant du VIH/SIDA, SP, douleur neuropathique chronique).
 Les données provenant d’études précliniques suggèrent que le CBD présente des effets anxiolytiques dans différents modèles animaux d’anxiété, tandis que des données limitées provenant d’études cliniques suggèrent que le CBD pourrait posséder des effets anxiolytiques dans un modèle expérimental d’anxiété sociale.
 Les données limitées de certaines études observationnelles suggèrent aussi que le cannabis contenant des concentrations égales de CBD et de THC est associé à une atténuation de certaines perturbations de l’humeur (p. ex., l’anxiété ou le découragement) comme observés avec le cannabis prédominant en THC utilisé par des patients à des fins médicales.

4.9.5.2 Troubles du sommeil
 Les données expérimentales chez l’humain suggèrent que le cannabis et le THC possèdent des effets selon la dose sur le sommeil : les doses plus faibles semblent diminuer la latence d’endormissement et augmenter le sommeil lent et la durée totale de sommeil, alors que les doses élevées semblent causer des perturbations du sommeil.
 Les données limitées d’études cliniques suggèrent aussi que certains cannabinoïdes (le cannabis, le nabilone, le dronabinol et le nabiximols) pourraient améliorer le sommeil chez les patients souffrant de perturbations du sommeil associées à certaines maladies chroniques.

4.9.5.3 État de stress post-traumatique
 Les études expérimentales précliniques et humaines suggèrent un rôle pour certains cannabinoïdes dans le soulagement de symptômes semblables à ceux de l’état de stress post-traumatique (ESPT).
 Toutefois, bien que des données limitées provenant d’études cliniques à court terme suggèrent un potentiel pour le THC oral et le nabilone à diminuer certains symptômes de l’ESPT, il n’existe aucune étude clinique à long-terme pour ces préparations ou aucune étude clinique sur les effets du cannabis fumé ou vaporisé sur l’ESPT.
 Des preuves limitées issues d’études observationnelles suggèrent une association entre la consommation de cannabis à base de plantes et des niveaux persistants / élevés de sévérité des symptômes de l’ESPT au fil du temps.
 Il existe des données limitées suggérant une association entre l’ESPT et le TUC.

4.9.5.4 Symptômes de sevrage de l’alcool et des opioïdes (symptômes de sevrage de drogue/substitution)
 Les études précliniques suggèrent que l’agonisme aux récepteurs CB1 (p. ex. le THC) pourrait aider à augmenter les propriétés renforçantes de l’alcool, augmenter la consommation d’alcool et augmenter les risques de rechute de consommation d’alcool ainsi qu’exacerber la sévérité des symptômes du sevrage alcoolique.
 Les études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes (p. ex. le THC) pourraient soulager les symptômes du sevrage aux opiacés.
 Les données provenant d’études observationnelles suggèrent que la consommation de cannabis pourrait aider à soulager les symptômes du sevrage aux opiacés, mais les données cliniques sont insuffisantes pour tirer conclusions fiables.

4.9.5.5 Schizophrénie et psychose
 Des données considérables provenant d’études précliniques, cliniques et épidémiologiques appuient une association entre la consommation de cannabis (surtout le cannabis prédominant en THC) et le THC et un risque accru de psychoses et de schizophrénie.
 Des preuves émergentes provenant d’études précliniques, cliniques et épidémiologiques suggèrent que le CBD pourrait atténuer la psychose induite par le THC.

4.9.6 Maladie d’Alzheimer et démence
 Les études précliniques suggèrent que le THC et le CBD pourraient protéger contre l’excitotoxicité, le stress oxidatif et l’inflammation dans les modèles animaux de la maladie d’Alzheimer (MA).
 Les études de cas, cliniques et observationnelles limitées suggèrent que le THC oral et le nabilone sont associés à l’amélioration d’un nombre de symptômes associés à la MA (p. ex. activité motrice nocturne, comportement perturbé, sommeil, agitation, résistivité).

4.9.7 Inflammation

4.9.7.1 Maladies inflammatoires de la peau (dermatite, psoriasis, prurit)
 Les résultats provenant d’études précliniques, cliniques et de cas sur le rôle de certains cannabinoïdes dans la modulation d’affections inflammatoires de la peau sont mixtes.
 Certaines études cliniques et de séries prospectives de cas suggèrent que certains cannabinoïdes ont un rôle protecteur (THC, CBD, HU-210), tandis que d’autres suggèrent un rôle nuisible (cannabis, THC, CBN).

4.9.8 Troubles du système gastro-intestinal (syndrome du côlon irritable, maladie intestinale inflammatoire, hépatite, pancréatite, syndrome métabolique/obésité)
4.9.8.1 Syndrome du côlon irritable
 Les études précliniques dans des modèles animaux du syndrome du côlon irritable (SCI) suggèrent que certains agonistes synthétiques des récepteurs de cannabinoïdes inhibent les réactions à la douleur induite par la distension colorectale et ralentissent le transit GI.
 Les études cliniques expérimentales avec des volontaires sains ont signalé des effets selon la dose et le sexe sur diverses mesures de la motilité GI.
 Des données limitées provenant d’une petite étude clinique sur le dronabinol pour le traitement de symptômes du SCI suggèrent que celui-ci pourrait augmenter la conformité du côlon et diminuer l’index de la motilité du côlon chez les femmes atteintes du SCI à diarrhée prédominante SCI-D) ou SCI à motif alternatif (alternance constipation/diarrhée) (SCI-A), tandis qu’une autre petite étude clinique avec le dronabinol suggère une absence d’effet au niveau du transit gastrique, de l’intestin grêle ou du côlon.
4.9.8.2 Maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn, colite ulcéreuse)
 Les études précliniques dans les modèles animaux de maladies inflammatoires de l’intestin (MII) suggèrent que certains cannabinoïdes (les agonistes synthétiques des récepteurs CB1 et CB2, le THC, le CBD, le CBG, le CBC ou les extraits de plante entière de cannabis) pourraient limiter l’inflammation intestinale et la sévérité de la maladie à différents degrés.
 Des données provenant d’études par observation suggèrent que les patients consomment du cannabis afin de soulager les symptômes du MII.
 Un nombre très limité d’études cliniques à petite échelle avec des patients atteints du MII et sur lesquels les traitements traditionnels avaient échoué ont signalé l’amélioration de nombreux symptômes associés au MII après la consommation de cannabis fumé.
4.9.8.3 Maladies du foie (hépatite, fibrose, stéatose, lésion de reperfusion de l’ischémie. encéphalopathie hépatique)
 Les études précliniques suggèrent que l’activation des récepteurs CB1 est défavorable pour les maladies du foie (p. ex. favorise la stéatose, la fibrose), tandis que l’activation des récepteurs CB2 semble avoir quelques effets bénéfiques.
 De plus, les études précliniques suggèrent aussi que le CBD, le THVC et les doses très faibles de THC pourraient posséder des effets protecteurs sur les lésions de réperfusion de l’ischémie hépatique et pour l’encéphalopathie hépatique.
4.9.8.4 Syndrome métabolique, obésité, diabète
 Les études précliniques suggèrent que l’activation aiguë des récepteurs CB1 cause une augmentation de la synthèse et de l’entreposage des gras tandis que l’activation chronique des récepteurs CB1 (ou l’antagonisme des récepteurs CB1) cause la perte de poids et l’amélioration d’une gamme d’indicateurs métaboliques.
 Les études par observation suggèrent une association entre la consommation chronique de cannabis et l’amélioration du profil métabolique, tandis que les données précliniques et les preuves cliniques très limitées suggèrent un effet bénéfique potentiel du THCV sur le contrôle glycémique (chez les patients atteints du diabète de type II).

4.9.8.5 Maladies du pancréas (diabète, pancréatite)
 Les études précliniques dans les modèles animaux expérimentaux de certains cannabinoïdes dans le traitement de la pancréatite aiguë ou chronique sont limitées et contradictoires.
 Les données limitées provenant d’études de cas suggèrent une association entre les épisodes de consommation aiguë de grandes quantités de cannabis et la pancréatite aiguë.
 Des études par observation limitées suggèrent une association entre la consommation chronique de cannabis et l’incidence plus faible du diabète sucré.
 Une étude clinique à petite échelle a signalé que le THC administré oralement ne soulageait pas la douleur abdominale associée à la pancréatite chronique.

4.9.9 Propriétés antinéoplastiques
 Les études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes (le THC, le CBD, le CBG, le CBC, le CBDA) bloquent fréquemment, mais non toujours, la croissance des cellules cancéreuses in vitro et affichent une gamme d’effets antinéoplastiques in vivo bien que normalement à des doses très élevées qui ne seraient pas utilisées cliniquement.
 Bien que des données limitées provenant d’une étude observationnelle suggèrent que les patients atteints de cancer consomment du cannabis pour soulager les symptômes associés au cancer (p. ex., les modifications chimiosensorielles, la perte de poids, la dépression, la douleur), il n’existe qu’une seule étude clinique limitée menée avec des patients atteints de glioblastome multiforme ayant signalé que des injections intratumorales de doses élevées de THC n’ont pas amélioré la survie des patients plus que ce qui est observé avec l’utilisation d’agents chimiothérapeutiques courants.

7.0 Effets indésirables

7.1 Carcinogenèse et mutagenèse
 Les données provenant d’études précliniques suggèrent que la fumée de cannabis contient plusieurs des mêmes cancérogènes et mutagènes que la fumée de tabac et que la fumée de cannabis est aussi mutagénique et cytotoxique, sinon plus, que la fumée de tabac.
 Toutefois, des données limitées et mitigées provenant d’études épidémiologiques ont jusqu’à présent été incapables de découvrir une association robuste et uniforme entre la consommation de cannabis et les différents types de cancer, à l’exception possible d’un lien entre la consommation de cannabis et le cancer des testicules (c.-à-d., tumeurs des cellules germinatives testiculaires).

7.2 Appareil respiratoire
 Des données provenant d’études précliniques suggèrent que la fumée de cannabis contient plusieurs des mêmes irritants pulmonaires et toxines que la fumée de tabac et même, dans certains cas, de plus grandes quantités de certaines de ces substances.
 Les études de cas suggèrent que fumer du cannabis est associé à une gamme de changements histopathologiques des tissus pulmonaires, à une gamme de symptômes respiratoires semblables à ceux observés chez les fumeurs de tabac et des changements dans certaines fonctions pulmonaires dans le cas d’utilisation fréquente à long terme.
 L’association entre l’utilisation intensive et fréquente du cannabis fumé (sans tabac) et la maladie pulmonaire obstructive chronique est incertaine, mais, s’il en existe une, elle est probablement faible.

7.3 Système immunitaire
 Les études précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes possèdent une grande variété d’effets complexes sur les fonctions du système immunitaire (pro- ou anti-inflammatoire, stimulant ou inhibant).
 Les études cliniques et par observation limitées des effets du cannabis sur le nombre de cellules immunitaires et sur la charge virale plasmatique du VIH sont mixtes, de même que les données concernant l’usage fréquent de cannabis (c.-àd. quotidient/TUC) et l’adhésion à la TAR.
 Des preuves limitées, mais croissantes provenant d’études de cas suggèrent aussi que l’utilisation de cannabis est associé à des réactions de types allergiques ou d’hypersensibilité.

7.4 Système reproducteur et endocrinien
 Les données précliniques suggèrent que certains cannabinoïdes peuvent avoir des effets négatifs sur de nombreuses mesures de la santé reproductive. De plus, les données limitées d’études par observation des humains sur le cannabis semblent appuyer les données de certaines des études précliniques.
 Les données des études par observations d’humains suggèrent aussi une association selon la dose et l’âge entre la consommation de cannabis et les tumeurs des cellules germinatives testiculaires.

 Les données précliniques suggèrent clairement que l’exposition in utero à certains cannabinoïdes est associée à de nombreux dommages à court et à long terme sur la progéniture en développement.
 Toutefois, les données provenant d’études par observation des humains sont complexes et suggèrent que bien que des facteurs de confusion pourraient expliquer les associations entre la consommation intensive de cannabis pendant la grossesse et les effets néfastes néonataux ou périnataux, l’utilisation intensive de cannabis pendant la grossesse est associée à une reduction du poids à la naissance.

7.5 Appareil cardiovasculaire
 Les études précliniques suggèrent que des doses très faibles de THC pourraient avoir un effet cardioprotecteur sur l’infarctus du myocarde induit expérimentalement.
 Des données provenant d’études de cas et d’études observationnelles suggèrent que fumer du cannabis de manière aiguë et chronique est associé à des effets néfastes sur la santé vasculaire, cardiovasculaire et cérébrovasculaire (p. ex., infarctus du myocarde, AVC, artérite) en particulier chez les consommateurs d’âge moyen (et plus). Cependant, une revue systématique récente suggère que les données examinant les effets du cannabis sur la santé cardiovasculaire sont incohérentes et insuffisantes.

7.6 Système gastro-intestinal et foie
 Des données provenant de rapports de cas suggèrent que la consommation chronique et intensive de cannabis (à THC prédominant) est associée à un risque plus élevé de syndrome d’hyperémèse du cannabis (SHC).
 Des données limitées provenant d’études par observation suggèrent des résultats mitigés entre la consommation de cannabis (à THC prédominant) et les risques de progression de la fibrose du foie associée à une infection de l’hépatite C.

7.7 Système nerveux central

7.7.1 Cognition
 Des données provenant d’études cliniques suggèrent que la consommation aiguë de cannabis (à THC prédominant) est associée à de nombreux effets cognitifs aigus.
 Des données provenant d’études obervationnelles suggèrent que la consommation chronique de cannabis est associée à quelques effets cognitifs et comportemenaux qui pourraient subsister pour des durées de temps variées au-delà de la période d’intoxication aiguë selon de nombreux facteurs.
 Des données limitées provenant d’études cliniques par imagerie sur des humains suggèrent que le THC et le CBD pourraient exercer des effets opposés sur les fonctions neuropsychologiques et neurophysiologiques.
 Des données provenant principalement d’études cliniques transversales par imagerie sur les humains suggèrent que la consommation chronique et intensive de cannabis est associée à de nombreux changements structurels dans la matière grise et la substance blanche dans différentes régions du cerveau.
 En outre, le début précoce de la consommation et la consommation de cannabis à taux élevé et prédominant en THC ont été associés à des risques plus élevés de certains changements structurels du cerveau et de déficience cognitive.

7.7.2 Fonction psychomotrice et conduite automobile
 Des données provenant d’études cliniques expérimentales suggèrent que la consommation aiguë de cannabis (à THC prédominant) affaiblit de nombreuses habiletés psychomotrices et cognitives nécessaires pour conduire un véhicule à moteur.
 Bien que la consommation chronique/fréquente de cannabis puisse être associée à un certain degré de tolérance à certains des effets du cannabis chez certains individus, la consommation chronique de cannabis peut toujours poser des risques à la conduite sécuritaire en raison, en partie, de la charge corporelle importante du THC menant à un niveau chronique de troubles psychomoteurs.
 Des données provenant d’études cliniques et épidémiologiques suggèrent la présence d’effets de réponse selon la dose, avec des doses croissantes de THC augmentant les risques de collisions de véhicule à moteur pouvant entrainer des blessures et la mort.
 Combiner de l’alcool avec du cannabis (THC) est associé à un niveau plus élevé d’affaiblissement des capacités et un risque accru de blessures.

7.7.3 Effets psychiatriques

7.7.3.1 Anxiété, ESPT, dépression et trouble bipolaire
 Des données d’études cliniques suggèrent la présence d’effets biphasiques en fonction de la dose du THC sur l’anxiété et l‘humeur puisque des doses faibles de THC semblent avoir des effets anxiolytiques et de hausse de l’humeur tandis que des doses élevées de THC peuvent produire de l’anxiété et diminuer l’humeur.
 Des études épidémiologiques suggèrent une association entre la consommation de cannabis (à THC prédominant), en particulier la consommation chronique et intensive, et l’apparition de troubles anxieux, dépressifs et bipolaires, et la persistance de symptômes liés à l’ESPT, au trouble panique, au trouble dépressif et au trouble bipolaire.
 Les résultats préliminaires d’enquêtes suggèrent une association entre l’utilisation de produits concentrés de cannabis ultra-puissants (p. ex. huile de haschich butane, BHO) et des taux plus élevés d’anxiété et de dépression autodéclarées et d’autres drogues illicites, ainsi que des niveaux plus élevés de dépendance physique qu’avec l’herbe de cannabis à forte puissance.

7.7.3.2 Schizophrénie et psychose
 Des données provenant d’études cliniques suggèrent que l’exposition aiguë au cannabis (à THC prédominant) ou au THC est associée, en fonction de la dose, à des troubles comportementaux et cognitifs transitoires aigus imitant une psychose aiguë.
 Des études épidémiologiques suggèrent une association entre la consommation de cannabis (à THC prédominant) , en particulier la consommation précoce, chronique et intensive, et la psychose et la schizophrénie.
 Les risques de schizophrénie associés à la consommation de cannabis sont particulièrement élevés chez les individus possédant des antécédents personnels ou familiaux de schizophrénie.
 La consommation de cannabis est aussi associée au début précoce de la schizophrénie chez les individus vulnérables, et à l’exacerbation des symptômes schizophréniques actuels et à des conséquences cliniques plus graves.

7.7.3.3 Idées suicidaires, tentatives de suicide et mortalité
 Des données d’études épidémiologiques suggèrent aussi l’existence d’une association en fonction de la dose entre le cannabis et les tendances suicidaires, en particulier chez les hommes.

7.7.3.4 Syndrome amotivationnel
 Les données limitées disponibles pour une association entre la consommation de cannabis et un « syndrome amotivationnel » sont mixtes.

information-health-care-professionals-cannabis-cannabinoids-fra(3)