Lutte contre les stupéfiants : la stigmatisation doit cesser ! 10/09/2020

Lutte contre les stupéfiants : la stigmatisation doit cesser !

 

Les récentes prises de parole du Ministre de l’Intérieur quant à sa stratégie de lutte contre les usages de stupéfiants révèlent un mépris envers les usagers-ères et une incohérence dans les politiques menées. Nous, Nous, associations travaillant auprès des usagers, magistrats, avocats, policiers, usagers, ne pouvons tolérer ces propos et les directions prises qui stigmatisent et précarisent encore davantage des populations déjà vulnérabilisées par 50 ans de politiques répressives.

 

Afin d’assurer le service après-vente de la généralisation de l’Amende Forfaitaire Délictuelle, le ministre de l’intérieur multiplie les prises de parole, bombant le torse pour affirmer bien haut sa volonté de lutter contre le fléau de la drogue.

Alors même que toutes les initiatives pour avancer sur le traitement diversifié des addictions sont soumises à des procédures d’expérimentation et de déploiement longues et complexes, à l’image du cannabis médical, du statut du CBD, des nouvelles approches en RDR (réduction des risques), l’amende forfaitaire a pu se déployer sans autre difficulté qu’une rapide expérimentation de 3 mois au cœur de l’été.

Malgré les postures autoritaires, il s’agit avant tout d’un aveu de faiblesse : devant l’impossibilité pour l’État de véritablement freiner le trafic de substances illicites, le choix est fait de sanctionner l’usager, renvoyé au statut de délinquant, puisqu’usant d’une substance illégale. Gérald Darmanin n’a ainsi pas de mots assez durs pour fustiger les « mauvais citoyens » qui troublent l’ordre public.

Hypocrisie également quand le ministre n’hésite pas à poser sur Twitter un verre d’alcool à la main (sans respect des gestes barrières), sans se préoccuper des graves dégâts sanitaires que cause la consommation et l’abus d’alcool, et en même temps multiplie les amalgames qui font de chaque usager de substances illicites un danger social à sanctionner.

Le problème est qu’il y a donc environ 6 millions de « mauvais citoyens » [1] en France. Échelle basse. 6 millions de consommateurs.trices qui se répartissent comme chacun sait dans tous les compartiments de la société, de la rue jusqu’aux plus hauts sommets de l’État. 6 millions, soit un adulte sur 8. Cela fait beaucoup de monde.

Les propos stigmatisant des usagers tenus par le ministre de l’intérieur ajoutent à la confusion, réduisant l’addiction et ses comportements à un simple problème sécuritaire.

Cela ne marche pas, cela n’a jamais marché. Nous ne sommes absolument pas dupes de cette cynique stratégie destinée à effrayer les foules sur le dos des usager.e.s les plus vulnérables.

Il est possible de faire autrement et d’avoir des politiques publiques ambitieuses combinant approche de santé, de sécurité, de justice et d’éducation.

 

Contacts directs :

Nathalie Latour- 01.43.43.72.38 – n.latour@federationaddiction.fr

Adèle Simon – 01.68.49.58.46 – asimon@aides.org

Katia Dubreuil – Syndicat de la Magistrature

 

[1] « Nous allons nous attaquer aux deux bouts de la chaîne, des grands trafiquants de drogue aux consommateurs. “Le Gouvernement a pour mission de faire que les bons citoyens soient tranquilles, que les mauvais ne le soient pas”, comme le disait G.Clemenceau. #BourdinDirect »