Du cannabis dans le PLFSS, Benoît Thelliez, 2019

Du cannabis dans le PLFSS

Le député Olivier Véran (LREM, Isère) va défendre un amendement introduisant une expérimentation du cannabis thérapeutique.

© FOTOLIA_FABIOBERTI.IT

Les choses se pré­cisent. Après que l’Agence na­tio­nale de sé­cu­rité du mé­di­ca­ment et des pro­duits de santé (ANSM) a sous­crit, dé­but juillet 2019, aux pro­po­si­tions du co­mité scien­ti­fique spé­cia­lisé tem­po­raire sur le cadre pra­tique de l’ac­cès au can­na­bis à vi­sée thé­ra­peu­tique en vue d’une ex­pé­ri­men­ta­tion en France, c’est dé­sor­mais le cadre lé­gal qui va être dis­cuté à l’As­sem­blée na­tio­nale. In­vité à l’an­tenne de RTL, le neu­ro­logue et dé­puté de la ma­jo­rité, Oli­vier Vé­ran, a ainsi ex­pli­qué qu’il al­lait pré­sen­ter et dé­fendre un amen­de­ment au pro­jet de loi de fi­nan­ce­ment de la sé­cu­rité so­ciale (PLFSS) pour 2020 vi­sant à mettre en place, au plus vite, une ex­pé­ri­men­ta­tion en mi­lieu hos­pi­ta­lier. Se­lon ses dires, elle de­vrait concer­ner « en­vi­ron 3 000 ma­lades » qui se­ront « sui­vis par des mé­de­cins spé­ci­fi­que­ment for­més ». Très op­ti­miste sur l’is­sue lé­gis­la­tive de sa pro­po­si­tion, il es­time que « les pre­miers pa­tients pour­ront sor­tir de l’hô­pi­tal avec leur pro­duit avant l’été 2020 », rap­pe­lant pour l’oc­ca­sion que « c’est déjà ce qui se passe dans dix-sept pays de l’Union eu­ro­péenne ».

Sor­tir les pa­tients de l’illé­ga­lité

« On n’est pas en train de s’adres­ser à un ado de 16 ans qui part en soi­rée avec des co­pains avec de la ré­sine de can­na­bis et qui va fu­mer […] et prendre le risque de pré­sen­ter des troubles psy­chiques en re­tour. On parle d’un ma­lade qui est en im­passe thé­ra­peu­tique, qui ne vit plus, qui ne mange plus, qui ne dort plus, qui ne s’oc­cupe plus de ses en­fants, qui n’a plus de qua­lité de vie et qui vous dit qu’il s’au­to­mé­dique et vous de­mande de l’ac­com­pa­gner plu­tôt que de le lais­ser dans l’illé­ga­lité. » Pour Oli­vier Vé­ran, loin d’en­cou­ra­ger la consom­ma­tion ré­créa­tive des pro­duits is­sus du can­na­bis, cette me­sure a pour unique in­ten­tion de ve­nir en aide à des « mil­liers de ma­lades qui sont sans so­lu­tion pour des dou­leurs neu­ro­pa­thiques, liées à des can­cers, à des troubles psy­chia­triques… » et faire en sorte que « les dé­ri­vés du can­na­bis qui peuvent consti­tuer un ap­port thé­ra­peu­tique sup­plé­men­taire dans ces ma­la­dies graves et sé­vères » puissent s’in­cor­po­rer à l’ar­se­nal thé­ra­peu­tique. Dans le cadre de cet amen­de­ment qui sera pré­senté aux dé­pu­tés le 15 oc­tobre pro­chain, le neu­ro­logue pré­cise que « pour­ront être dé­li­vrées aux ma­lades, en phar­ma­cie hos­pi­ta­lière, puis en phar­ma­cie de ville, des huiles, des ti­sanes et éga­le­ment des fleurs sé­chées de can­na­bis mais pas sous une forme fu­mable ». Voir pro­chai­ne­ment les of­fi­ci­naux fran­çais dé­li­vrer du can­na­bis thé­ra­peu­tique n’est donc plus une vue de l’es­prit.

Par Benoît Thelliez

11 Octobre 2019