COVID-19 : Mobilisation de la Fédération Addiction et informations pour la poursuite de l’activité, 17/03/2020

COVID-19 : Mobilisation de la Fédération Addiction et informations pour la poursuite de l’activité

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Dans la suite du message du président ce samedi, la Fédération Addiction est mobilisée pour s’assurer que les publics que vous accueillez soient pris en compte et inclus dans les mesures d’adaptation d’urgence et que vous ayez les moyens d’assurer une continuité de service.

Dès vendredi, nous avons fait remonter plusieurs demandes au ministère de la santé, à la Direction Générale de la Santé et à la Direction Générale de la Cohésion Sociale :

Prescription et délivrance des Traitements de substitution aux opiacés (TSO) :

Comme les mesures prises pour d’autres traitements de troubles chroniques (notamment les hépatites), nous soutenons la nécessité d’adapter les conditions de prescription et de délivrance des Traitements de Substitution aux Opiacés (TSO) en pharmacie pour assurer la continuité de soins essentiels en cas de problèmes de ressources humaines médicales (CSAPA ou MG) et prévenir les risques d’incidents chez les officinaux qui auront déjà beaucoup à faire par ailleurs. D’autre part, une incertitude sur la continuité de ces traitements serait non seulement une source majeure de stress chez ces patients mais leur ferait aussi courir un risque de fluctuations de tolérance à risque d’overdoses en cas de reprise après des « sevrages » inopinés.

Nous avançons avec la DGS sur ces éléments et espérons que l’arrêté sortira bientôt.

En attendant, des consultations par téléphone, des envois d’ordonnance sont possibles pour limiter les allers et venues dans les lieux de soin.

De même, en cas de nécessité de suspendre des dispensations de méthadone en CSAPA faute de personnel et dans le cas de personnes n’ayant pas de couverture sociale, il est possible de proposer aux pharmacies-relais de facturer les coûts induits au CSAPA concerné.

Garde des Enfants

Pour assurer le maintien de service, il faut que les professionnels du secteur puissent faire garder leurs enfants. Malheureusement au national, ne sont pas encore pris en compte les professionnels des EMS accueillant des publics en difficulté spécifique tout au moins les CSAPA, CAARUD, ACT. Nous demandons actuellement au ministère d’inclure ces professionnels dans les mesures.

Certaines ARS ont déjà adapté les possibilités de garde, il suffit d’avoir une attestation du directeur d’établissement (mentionnant le N° FINESS). Si besoin, si rien n’existe encore et en attendant la clarification au niveau national, nous pouvons sur demande vous fournir des écrits des ARS pour les transmettre aux vôtres.

 Accès au matériel de protection

Les stocks devraient être renouvelés cette semaine en officine. Vous pouvez y prétendre via la réserve nationale en mandatant un professionnel de santé (cf. décret du 14 mars). Dans les faits cela peut s’avérer difficile et nous pesons là aussi au niveau national et régional pour que vos établissements soient bien pris dans la nécessité d’avoir du matériel rapidement.

En attendant voilà des astuces qui remontent du réseau pour fabriquer des masques.

Organisation de l’accueil en CSAPA/CAARUD et en hébergement

Vous trouverez la dernière version du guide d’accompagnement pour les établissements de santé, médecine de ville et les établissements et services médico-sociaux (p.39 et 40 du document pour les hébergement ACT – AT – CTR – CT et les hébergements adaptés au personnes en situation de précarité et contaminées (un par région).

Sur les modalités d’accueil en CSAPA et CAARUD, les accueils collectifs doivent être fermés mais l’accueil individuel doit être maintenu pour les situations urgence.

Des lignes téléphoniques dédiées ont aussi été mises en place pour assurer un lien avec les personnes accompagnées.

Le matériel de RDR peut se faire avec une distribution dans les sacs préparés et avec des quantités adaptés aux besoins sur des périodes plus longues, ainsi que pour approvisionner les distribox et les PES en pharmacies.

Il a aussi la RDR à distance, avec SAFE qui gère les programmes et les CAARUD mandatés par certaines ARS. Vous organisez aussi parfois les livraisons à domicile.

A titre d’information, voilà des recommandations adaptées au secteur médicosocial addiction, mises en place par l’ARS Normandie.

Concernant l’hébergement spécialisé pour les personnes malades sans gravité Covid19 sans domicile fixe ou venant de centres d’hébergement ou de logements adaptés, voilà le nouveau cahier des charges publié par la Direction Générale de la Cohésion Sociale.

 

 

14/03/2020

Dans le cadre de la crise du coronavirus, le Président de la Fédération Addiction adresse ce message :

« Chers collègues et amis,

Comme vous le savez, l’heure est grave et le monde entier est soumis à la menace du COVID-19. Il se diffuse facilement par progression géométrique (une personne porteuse en contamine 2, lesquelles en contaminent 4 puis 8, etc.) La progression du virus est donc inéluctable. Mais l’ampleur des dommages peut être atténuée.

Sa dangerosité est forte, 20 % des personnes contaminées présentent des formes sévères pouvant nécessiter une assistance respiratoire en services de réanimation ou de soins intensifs. Sa léthalité (« mortalité ») est également élevée, entre 1 et 2 % des personnes contaminées. La mortalité initiale se concentrera sur les personnes à risque (seniors, pathologies chroniques…) mais aura tendance à diffuser ensuite en population générale jusqu’à ce que nous puissions atteindre un niveau suffisant d’immunité collective de nature à réduire l’épidémie, c’est-à-dire des millions de personnes contaminées/immunisées.

Cela va prendre plusieurs semaines mais à quel coût humain ?

Autant dire que nous sommes tous concernés, aussi bien les personnes accueillies que les professionnels :

  • En premier lieu, les personnes accueillies, qui vivent souvent dans des conditions difficiles de promiscuité et qui sont souvent porteuses de maladies chroniques qui en font autant de personnes vulnérables au virus.
  • Mais aussi les professionnels qui, au risque universel qui est devant nous, vont ajouter celui, qui fait la noblesse de nos professions, d’être exposés au risque de transmission par les personnes accueillies.
  • En symétrique, il faut que les professionnels veillent à ce que dans leurs comportements quotidiens, ils ne mettent pas en danger les personnes accueillies qui par essence sont particulièrement vulnérables.

Les semaines qui viennent vont être décisives ! L’atténuation de l’ampleur de la vague permettra, nous l’espérons, de réduire la mortalité en permettant aux services d’urgence d’être en mesure de mieux faire face aux besoins.

Une partie de cette responsabilité repose sur nous !

Derrière l’austérité de la préparation des plans de continuité d’activité ou de l’adaptation aux mesures de réquisition, il s’agit, comme toujours, de notre combat pour l’accompagnement et pour la vie.

Nous sommes avec vous pour vous soutenir dans cette période, n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez avoir des appuis et conseils. »

Jean-Michel Delile Président de la Fédération Addiction.